L’art aide-t-il à vivre ?

L’artiste est comparable au fou du Roi nu, altruiste ou égocentrique, il aspire à voir et à regarder autrement.

“ Nous, peintres, prenons les mêmes libertés que les poètes et les fous.” - (Paul Véronèse).

Un souffle arraché au feu : En observant « Le Jugement dernier » à la Chapelle Sixtine, Michel-Ange nous emporte dans un théâtre d’espérances avec ses 230 personnages suspendus aux vents de l’épreuve. Au centre du vortex le Christ ouvre les portes de l'éternité et la béance du néant. Il ressuscite les morts pour leur jugement à la fin des temps. Michel-Ange a 67 ans quand il a terminé la fresque, il écrit : « à travailler tordu j’ai attrapé un goître, et j’ai le ventre, à force, collé au menton ». Il se serait peint lui-même dans la peau écorchée de Saint-Barthélemy. Le XVIe siècle est chaotique, traversé par des guerres, des épidémies et des famines.

Parfum d'éternité : « La Jeune Fille à la perle », peinte par Johannes Vermeer, nous invite à saisir l’instant présent. Le jaune et le bleu (lapis-lazuli) du foulard contrastent avec le fond presque noir. La lumière semble venir de l’intérieur du tableau. L'expression du visage est stupéfiante, on dirait que la jeune fille va parler. On ne se lasse pas de la contempler, le temps semble suspendu, comme s'il n'existait plus.

Les couleurs de l'esprit : Van-Gogh nous enveloppe de sa vision de la réalité par un méandre de lignes, de couleurs et de matière. Ses compositions évoquent le vertige, l'amour, le dépassement, la ferveur. Ses touches de peinture, tels des sillons de feu, labourent et irriguent l’âme.

A tous les abîmes du monde : Frida Kahlo met en scène sa vie de blessures et de souffrances. Non pas que la souffrance soit belle, mais en la sublimant sur la toile, elle y apporte une dimension spirituelle. Dans un souffle arraché au feu, ses rêves se consument en incertitudes, la terre attend ses offrandes. Dans ses peintures, il y a la fragilité, la douleur, la lucidité, la fracture, la mort, la force, l'amour, la renaissance.

Vol de nuit vers la lumière : Le peintre d'icônes est un intermédiaire entre le divin et sa résonance personnelle. Il suit une tradition et des règles précises. Il peint en partant de l'ombre, des couleur les plus sombres, aux couleurs les plus claires qui représentent la lumière divine. Par son geste il unifie corps et esprit. “ Iconographier c'est vivre un temps de Rencontre “ - (Claire Marie Pajot).

L'art est-il un divertissement, une philosophie ou une thérapie ?

L’art a le pouvoir d’exprimer les prières les plus folles et les doutes les plus irrationnels. Il nous parle d'absolu, de finitude, de force et de fragilité. Il remue l’âme par métaphores, et nous fait percevoir d'incompréhensibles rêves. Il est une vigie qui donne la force d'avancer, un refuge pour cœurs blessés. Il place la beauté dans la lumière, y compris celle cachée dans la laideur. Il ouvre les portes de l’imaginaire, de l'espace et du temps. Il précipite les âmes vers les abîmes par la somme du néant et du vide absolu. Il donne des ailes et nous guide vers le secret du soleil.

L'art est une source d'espérances, un reflet de notre humanité, un parfum de notre éternité.

Quand, dans le lit du fleuve l'eau se tarie, la beauté se cache sous des draps de sable.

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