Plus fort que le glaive est mon esprit

La citation est gravée sur le fronton de l’entrée de la Synagogue de la Paix à Strasbourg.

A travers ma peinture j'essaie d'appréhender les deux mondes que sont la force et la fragilité. Je crois que tout le monde rêve d'un monde pacifique, beau et libre.

Je me suis toujours demandée comment je réagirais si on s'en prenait violemment à moi, mes enfants, petits-enfants, ou à des personnes sans défense. Est-ce que je réagirais plutôt par la fuite ou bien par la violence ? Quelle serait ma première réaction mécanique pour notre survie ? Me connaissant (un peu) je ne suis pas sûre d’avoir le blindage suffisant ni être un bon bouclier pour affronter ce genre de situation.

Et toi ? As-tu des témoignages à partager ?

Je te raconte cette histoire vraie racontée par ma mère : Novembre 1944 : après cinq années de guerre, Strasbourg est déjà libéré jusqu'à pratiquement toute La Wantzenau, un petit village près du Rhin. Mais une compagnie de SS résiste de l'autre coté à hauteur de Gambsheim. Les habitants craignent une incorporation de force par les Allemands. Tous les hommes de Gambsheim et Kilstett, visés par cette mesure ont pris la fuite vers La Wantzenau et Weyersheim. Les SS sèment la terreur parmi les habitants, personne n'ose s'opposer lorsqu'ils tuent 5 otages.

Janvier 1945 les SS tentent de reprendre Strasbourg. Ils placent des renforts tout le long de l'autre coté du Rhin. Ils espèrent passer en force par Gambsheim où ils ont aménagé un pont flottant.

Pour faire barrage un régiment français en provenance de Strasbourg est envoyé tout près à La Wantzenau. Une nuit à 1h du matin, le régiment est appelé d'urgence pour aller se poster à la barrière du chemin de fer. Beaucoup ne la franchiront pas car tués avant, les Allemands sont embusqués et tirent de l'autre coté.

Pendant les combats le curé de La Wantzenau prie à l'église toute la nuit, les bras en croix, devant l'Autel, pour que la paix arrive, et pour que les Allemands ne reviennent pas. Ce n'est ni par la puissance ni par la force, c’est par son esprit qu’il invoque le ciel. Le lendemain matin, les hostilités sont cessées. Sur le lieu du carnage, les habitants découvrent sept à huit corps de ces soldats de l'autre coté de la barrière, la plupart sont des tirailleurs Marocains et Algériens, l'un d'eux n'a que 16 ans.

Après la libération les habitants se relaieront toutes les heures à la date anniversaire de cette nuit là, pendant une dizaine d’années, pour prier et remercier le ciel d’avoir été épargnés.

Entre 1870 et 1945 l'Alsace a subit 3 guerres et 5 changements de nationalité.

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